Quoi qu’on dise, les deys ont aidé à la stabilité du pays. S’il en est une preuve, celle-ci est à
déceler dans la popularité du bey qui palpite dans le cœur des Constantinois ; ils le vénèrent à
ce jour pour son génie de bâtisseur et de défenseur contre l’occupant.
Subséquemment à la publication du livre inhérent à l’ultime dey d’El-Djazaïr (de 1818 à 1830),
en l’occurrence le dey Hussein (1764-1838), c’est au tour du dey Mohamed Ben Othmane
(1710-1791) d’être au-devant de la scène littéraire au motif qu’il a appartenu à l’ère d’El-Djazaïr
ottomane durant son long règne, de 1766 à 1791, a-t-on appris de l’écrivain Mohamed Balhi qui
trempe ainsi sa plume dans l’encrier de l’historiographie pour en extraire des faits, mais aussi
des gens qui faisaient l’actualité des gazettes de l’époque et meublaient de leurs frasques les
cours de “Diour Dzaïr” (palais).
À ce propos, l’auteur du livre Biskra, miroir du désert (éd. Anep 2011) surfe sur l’éphéméride où
il puise la chronologie des suzerains d’El-Djazaïr. “Certes, je ne me prétend pas historien, mais
j’ai un penchant. Celui d’interroger l’histoire autant se faire que peut afin de feuilleter l’épopée
Algérie, d’où il est loisible d’évacuer l’ignorance décrétée à dessein par l’envahisseur français.
D’où l’exigence de lever le voile sur le dey Mohamed Ben Othmane qui reste méconnu en dépit
qu’il a régenté durant un règne de 25 ans l’Alger d’alors”, a affirmé le conférencier. Pour une
prouesse de longévité en termes de gouvernance, c’en est une à l’heure ou l’exigence du mot
“gouvernance” fait tendance, a ajouté l’orateur.
À cet égard, il est donc requis d’aller sur le parcours de ce suzerain d’exception qui a survécu
aux complots de palais, du temps où les deys étaient tués au lendemain même de leur
intronisation, si investiture il y avait, a ajouté l’auteur du livre Zaâtcha 1849 (éd, Anep 2016).
Autant dire que l’épisode “ottoman” est un chapitre que l’on ne peut occulter lorsqu’il s’agit
d’écrire l’histoire, car le chercheur y “découvre l’existence de l’État algérien”, a précisé
l’intervenant. Sur ce point, “le dey Mohamed Ben Othmane s’illustrait ainsi aux côtés du bey de
Constantine Ahmed Ben Mohamed Chérif dit Ahmed Bey ou Hadj Ahmed Bey (1786-1851), du
temps où il y avait le beylik de Mascara avant le deylicat d’Oran qui a été libéré en l’an 1791”, a
déclaré le sociologue Mohamed Balhi.
Reste que ces deys ont aidé à la stabilité du pays. S’il en est une preuve, celle-ci est à déceler
dans la popularité du bey qui palpite dans le cœur des Constantinois qu’ils vénèrent jusqu’à nos
jours pour sa qualité de bâtisseur et de défenseur contre l’occupant.
“Dans cette optique et pour s’écarter de la littérature erronée du vainqueur, le mieux est que
l’on s’intéresse à ce chapitre de notre histoire, du fait qu’il ne s’agissait pas d’une politique de
peuplement comme cela a été le cas avec le colonialisme français. Alors et pour atteindre
l’objectif d’une vérité, le mieux est de recourir aux historiens et sur la base de faits avérés.”
S’agissant des archives qui sont peu parlantes sur le sujet, Mohamed Balhi préconise d’ores et
déjà, la récupération de nos archives, ici et là à Livourne (Italie), en Espagne et de les traduire
du vieux osmani (turc), a conclu l’auteur du livre Les Phares d’Algérie, vigies de la côte (éd.
Casbah 2015) avec le regretté Zinedine Zebar (1957-2020).
À signaler dans le catalogue de l’Anep, l’outillage mémoriel à l’écriture de notre histoire, les
nouvelles publications sur El Hadj Ahmed Bey, le raïs Hamidou (1770-1815) et Hamdane Khodja
(1773-1842).
LOUHAL Nourreddine